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    nuizibl'
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    Message par nuizibl' Lun 20 Fév - 6:26

    Obsédé textuel en cavale, Vîrus a frappé en 2011 trois coups secs à la porte du rap en français. Petit footing de décrassage en compagnie d’un espoir inespéré, revenu de déjà bien des raisons de désespérer.
    Vîrus | abcdrduson Virus_big

    Abcdr Du Son : Il y a eu 15 août, 31 décembre, 14 février puis Le choix dans la date. Peux-tu expliquer la direction artistique du projet ?

    Vîrus : Au départ il s'agissait d'un projet de EPs numériques. Ce projet s'est par la suite concrétisé en physique, à la fois pour répondre à une demande et aussi pour se faire plaisir, à nous.

    A : Comment cette trilogie a-t-elle commencé ?

    V : 15 août est sorti le 1er novembre 2010, mais c'est bien le 15 août précédent que tout avait commencé. C'était un dimanche, j'étais en Normandie, il pleuvait – normal, quoi. Je venais de recevoir quelques sons de Banane, je commençais à écrire des morceaux. Ce dimanche 15 août, je l'ai appelé : "Tu fais quoi ? – Bah, je suis sur ma MPC." En clair, lui et moi faisions la même chose au même moment. Ces quatre titres, au départ, c'était juste histoire de s'occuper. Ensuite, il y a eu comme d'habitude beaucoup d'autres dimanches pluvieux…

    A : De ces quatre premiers morceaux, lequel as-tu écrit en tout premier ?

    V : Le point de départ, c'était "Saupoudré de vengeance". J'entrais dans des sphères où je me sentais bien. Ça va même plus loin : quand je suis arrivé au bout de ce morceau, la première chose que je me suis dit c'est "Enfin !" Enfin je crache le fond des choses.

    A : Comme si l'instru avait réveillé la bête…

    V : Voilà. Derrière, les quatre titres ont été écrits très vite. Il faut dire qu'il y avait déjà tellement de phases réfléchies en amont… Du coup, une fois 15 août bouclé, 31 décembre est arrivé assez vite.
    "Quand je suis arrivé au bout de ce morceau, la première chose que je me suis dit c'est "Enfin !" Enfin je crache le fond des choses."

    A : Tu ponds donc huit titres en quelques semaines, alors qu'entre 2005 et 2010 tu t'étais fait plutôt rare. Comment expliques-tu cette accélération ?

    V : Pendant toutes ces années, je me suis toujours considéré en stand-by, en pilote automatique. Il y avait sans doute deux raisons à ça. D'abord, je n'avais tout simplement pas le déclic ; ensuite, j'ai clairement eu du mal à retrouver une entente artistique et humaine comme j'avais pu l'avoir avec Schlas… Sincèrement, je crois qu'avant toute concrétisation il y a une phase nécessaire de tâtonnement. Mine de rien, ce temps de latence, il nourrit ta créativité. C'est comme le chômage, ou même les périodes où un enfant dit qu'il s'ennuie. C'est là que le cerveau turbine. Une fois que c'est parti, t'es armé. Moi je crois beaucoup aux vertus de l'ennui.

    A : Tu t'ennuies beaucoup ?

    V : Uniquement en compagnie des gens [Rires]. Non, plus sérieusement, je me méfie des hyperactifs, je crois qu'au fond ils ont peur d'être seuls. Entre l'ennui et l'hyperactivité, il doit être possible de trouver un juste milieu, non ? C'est comme ceux qui passent directement de chez leurs parents à chez leur copine, il y a une étape de solitude qui manque dans la construction de leur individu, je pense. Comme je le dis dans un morceau, c'est à toi d'optimiser tes instants de solitude. La solitude, l'ennui, ce sont des statuts comme les autres. Il n'y a aucune raison de les fuir. Ni aucune raison de se fuir.

    A : Ça me rappelle une phrase de Sako qui disait "Je n'exhorte qu'à l'introspection".

    V : Voilà. En tant qu'auditeur, quand le mec me chie qui il est, je sais tout de suite avec qui je vais m'entendre ou pas. Il y a ça, et il y a les mecs qui disent "je" plutôt que "on".

    A : C'est-à-dire ?

    V : Quand tu dis "je", tu te mouilles, tu t'engages. Tu assumes. "On", c'est plus confortable, moins risqué, même si j'avoue, je l'utilise assez souvent… Par exemple tu vois, moi qui suis un gros bouffeur de films, je viens de m'acheter le DVD de Festen. Typiquement dans ce film, tu as un gars qui prend la parole en disant "je", et qui fait voler en éclats une mascarade familiale. C'est pas évident de cracher ses vérités à une assemblée. La vérité est toujours plus facile à dire en tête à tête, pendant une pause clope, que face à un groupe de personnes. C'est pour ça que mon respect va vers les mecs qui ont le cran de dire "je".

    A : Tu parlais de tête à tête. Peux-tu nous en dire plus sur ta relation avec le producteur Banane ?

    V : Écoute, il me semble que j'ai compris un truc. Quand tu avances dans la vie et dans ta tête, tu te crées les rencontres qui te permettent de devenir celui que tu aurais dû être, pour paraphraser Booba. Entre Banane et moi, c'est super naturel. Quand il chie un son, il me dit "ça c'est pour toi"… Un beatmaker, c'est un MC qui rappe avec les mains. Parfois, je pense à un dialogue à insérer, et en général il s'insère pile. A d'autres occasions, nous avons les oreilles qui grincent au même moment. Quand ça glisse tout seul comme ça, et que ça se répète, tu sais que tu es tombé sur le gars qu'il te faut.

    A : Comment vous êtes vous rencontrés ?


    V : Par des connaissances communes, vers 2008, 2009. Il était à Paris, moi à Rouen. Il m'a envoyé des sons, j'ai écouté et direct je me suis dit "putain, enfin !" Le son qu'il apportait, c'était l'ambiance vers laquelle je voulais aller. C'était l'écrin que j'attendais pour pouvoir m'exprimer.

    A : Quelles sont les caractéristiques de ses sons ?

    V : Je dirais que ce sont des sons qui t'obligent à être consistant. Ce sont des instrus destructurés, qui brisent les conventions. Au fin fond de nos inspirations respectives, tu retrouves des poings dans la gueule en commun. Ces morceaux, ce sont des heures passées à deux dessus. Nous étions bien loin de l'esprit de ces enregistrements où le délire ultime est de ramener ses potes pour refaire la déco du studio. Ici, l'humain est clairement au centre du projet.

    A : Tu disais être basé à Rouen. Nous avons récemment interviewé un gars de chez toi qui nous a dit beaucoup de bien à ton propos. Ce gars, c'est Lalcko…

    V : Ah Lalcko… Quelle plume de ouf il a ! Oui, il est passé par Rouen. Artistiquement, humainement, ça a toujours été un "grand". C'est un gars qui me tire vers le haut et aussi un des rares rappeurs qui te pousse à taper sur Google ou à ouvrir un dictionnaire. Même si j'ai toujours eu ce statut de "petit", c'est quelqu'un avec qui je peux avoir des discussions de fond et avec qui je peux vraiment me marrer.

    A : Ça rejoint un point soulevé dans une des trois chroniques, ce côté qu'il fallait gratter derrière la noirceur apparente des textes et qu'au fond, tu ne pouvais pas être si triste que ça…

    V : Mais complètement ! Quand j'ai lu ça, je me suis dit que tu avais saisi la dimension 3D du truc, et ça m'a fait bien plaisir. J'ai apprécié que tu ne t'arrêtes pas à la façade. Il faut bien comprendre que si nous faisons tout ça, faut qu'en retour les gens se marrent un peu. Les mecs qui ne rigolent jamais, les moines, sur le long terme, moi je n'y crois pas trop.

    A : Pourtant le mode de fonctionnement que tu décris apparaît assez solitaire…

    V : Oui et non. En fait c'est l'expérience du groupe qui m'a permis de savoir que ce modèle de fonctionnement collectif n'était pas pour moi – ou plutôt que je n'étais pas fait pour ça. L'union ne fait pas toujours la force, et ça j'en suis convaincu.

    A : Pourquoi ?

    V : Dès que les mecs ne me voyaient pas pendant deux jours, la question à mon retour c'était : "Putain enculé, t'étais où ?" Moi qui aime bien prendre la tangente, ça ne pouvait pas trop coller… A côté de ça, tu vois, le binôme ça me convient davantage.

    A : Et le couple ?

    V : Ah le couple…

    A : Je te pose la question à dessein, vu le morceau "L'ère adulte" et le clip qu'en a tiré Tcho. Tu sembles plutôt pessimiste sur le sujet, non ?

    V : Je crois que le fait d'écrire sur un thème te fait anticiper sur les tenants et les aboutissants liés à la question. A titre personnel, j'ai toujours pris garde à mon investissement, à ne pas rendre les autres indispensables. J'ai trop vu de couples lambda pour qui le temps ne joue pas en faveur de l'histoire. Nous vivons dans la société de l'adultère, et ce qui me débecte aujourd'hui le plus ce sont les donneurs de leçons, les mecs qui te toisent en te disant "moi j'ai un crédit et une meuf. Et toi ?" Mais si tu savais combien de gens réfléchissent juste à comment faire tenir leur histoire, ou qui se demandent quotidiennement si leur meuf ne va pas se faire baiser ailleurs… T'as eu l'affaire DSK, qui a permis à plein de gens de se lâcher sur le sujet, mais je crois que le malaise est vraiment profond et surtout beaucoup plus répandu qu'il n'y paraît. C'est peu ou prou ce que je dis dans "L'ère adulte".



    "Forcément tu cultives ce côté revanchard après tant de temps à fermer ta gueule, à répéter que oui c'est toujours toi le dernier au courant quand il pleut [Rires]."

    A : Une autre tartufferie que tu relèves, c'est dans "Nouvelles du fond", quand tu dis que "les élèves du LEP sont surnommés les lépreux"…

    V : Je n'invente rien, je suis moi-même passé par la case LEP et, rien qu'entre nous, c'était le genre de piques qu'on s'envoyait. Maintenant c'est toujours le même débat : se vanner entre "lépreux", OK, mais quand la vanne vient de l'extérieur, tu la reçois pas pareil… Tu sais moi je pense que la confiance en soi, ça s'inculque, ça se transmet. C'est quelque chose qui remonte à la paire de couilles d'où tu es parti. C'est le rôle des parents, de l'entourage. Si ça merde à ce niveau, déjà que le parcours s'annonçait galère, là il devient… encore plus galère [Rires] !

    A : A propos de confiance en soi, il y a une question qui va te surprendre mais qui me semble importante : combien mesures-tu ?

    V : 1,65 m. Pourquoi ?

    A : Parce que ta grille de lecture me semble celle de quelqu'un de cette taille-là, qui observe les choses légèrement par en dessous… Il n'y a rien de connoté dans cette remarque, hein…

    V : Oui, je vois ce que tu veux dire. C'est vrai qu'à cette "hauteur", t'es obligé d'être précis dans tes descriptions si tu veux être entendu. T'es plus petit donc t'as plus à prouver que les autres… [Il réfléchit] C'est marrant que tu dises ça parce que c'est vrai qu'en y repensant, non seulement j'ai souvent été le plus petit physiquement, mais je traînais aussi très souvent avec des mecs plus vieux que moi. Donc ce personnage du "petit", il s'est construit petit à petit, alimenté par un manque de confiance indéniable qui m'a permis de cultiver ce côté super observateur.

    A : D'où donc cette plume hyper précise, où chaque qualificatif semble soupesé…

    V : Forcément. Forcément tu cultives ce côté revanchard après tant de temps à fermer ta gueule, à répéter que oui c'est toujours toi le dernier au courant quand il pleut [Rires]. Tu connais le truc : la connerie d'un grand fera toujours plus de bruit que la vérité chuchotée d'un petit. Au fond, si tu regardes bien, notre société est plutôt complexante pour les gens de petite taille. Nous sommes trop nombreux alors il faut éliminer. Moi je dis : OK, venez. Essayez voir.

    A : J'imagine que c'est la même en sport – tu fais bien du sport ?

    V : Et comment que c'est la même ! Moi mon sport à la base, c'était le foot. Et au foot aussi, tu retrouves cette hargne… Au foot, j'avais un kif : j'ai toujours aimé faire un petit pont à un grand con. Le mec direct il te court après puis il s'arrête parce que soi-disant il a une crampe… Ouais, d'accord [Sourire].

    A : Tu as joué longtemps au foot ?

    V : Jusqu'à l'adolescence. Il y avait ce côté club, sport co, cette vie au grand air qui m'attirait, mais je n'ai quand même pas continué alors que de gros espoirs avaient été placés en moi. Certains pensaient que je finirais "à la télé". J'ai d'ailleurs recroisé un ancien coach y'a pas si longtemps qui m'a dit que j'aurais au moins pu en faire mon métier. C'est fou quand même quand tu te rends compte combien de décisions prises à cet âge-là ont des conséquences pour ta vie entière…

    A : Oui et d'ailleurs ça se retrouve jusque dans le choix de ton nom d'artiste. Pourquoi cet accent circonflexe, au fait ?

    V : Tout simplement parce qu'il existait déjà plusieurs Virus sans accent.

    A : Et pourquoi ce nom de Vîrus ?

    V : C'est parti d'une remarque d'un pote, à l'adolescence. Il m'a dit "Toi t'es un vrai virus". Quand j'y ai repensé, j'ai réalisé que ce côté minuscule qui crée de gros dégâts m'allait bien. Je suis donc resté fidèle à ce truc-là, cet idée de l'entité difficile à identifier et à arrêter. Toujours cette idée du petit qui court plus vite que les gros, décidément… Et puis Vîrus, c'était aussi l'anagramme de Survie, à une lettre près. Bref, c'était le blase parfait.

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